En 1947, je nais au sein d’une communauté canadienne-française sur les rives de la Rivière Rouge, à Saint-Boniface, au Manitoba.
Dès mon plus jeune âge, j’aime dessiner et peindre. J’étais très déçu lorsque les cours d’art à l’École Provencher furent supprimés ma troisième année d’école. Alors je dessine dans mes cahiers et je suis mordu de lecture. Mon bulletin scolaire me réprimande de toujours rêver, une habitude que je n’abandonnerai jamais.
Heureusement, au début de mon adolescence, j’assiste le samedi matin à des cours d’aquarelle de Pauline Boutal, artiste douée qui a étudié à Paris. Elle m’enseigne les bases de la composition, de la couleur et de la lumière.
Au milieu de l’adolescence, j’assiste à une exposition de peintures de Vincent Van Gogh. Devant son “Souvenir de Mauve”, je suis fascinée, en transe. L’éclat de sa joie et tendresse dépasse tout ce que j’ai pu connaître…
Mon cœur parle ; à partir de ce jour, je suis peintre.
La même année, j’assiste à une exposition de dessins au fusain par l’expressionniste allemande Käthe Kollwitz. Son empathie pour la souffrance d’autrui et sa vérité intrépide face au pouvoir confrontent l’injustice sociale. Son trait puissant souligne l’intégrité émotionnelle de ses portraits de l’humanité en crise. Elle suscite le désir de comprendre les événements du monde réel et communiquer des valeurs humanitaires.
La ligne, une puissante force vitale, est ce sur quoi j’ai travaillé au départ. Les maîtres encouragent à dessiner, dessiner, dessiner avant de passer à la couleur. Comme les couleurs spécifiques provoquent chez moi des sentiments émotionnels si intenses, je capitule rapidement et je m’amuse avec l’arc-en-ciel.
1960 est une décennie où la conscience sociale et une optique morale mondiale se développent dans l’esprit de ma génération.
J’étudie les Maîtres et copie leurs œuvres.
Mon dessin à l’age de 15 ans
crayon (1962)
Nain par Velasquez
Haiku – Média mixtes (22 p x 30 p)
Les œuvres d’artistes métis, inuits et des Premières nations sont omniprésentes au Manitoba. Je m’identifie à leur simplicité pure – leur lien avec la Nature.
Leur honnêteté humaine résonne et intensifie mon désir de clarté.
Ils touchent mon esprit au-delà des mots.
Le directeur de l’école, mon oncle, Frère Albert Laurin – Marianiste, encourage mon rêve de devenir peintre en accrochant l’une de mes toiles derrière son pupitre (paysage arctique). Quelqu’un de l’Institut d’art de Chicago aperçoit ma toile et insiste que je devrais être retiré immédiatement de mon école afin d’étudier à l’Institut à Chicago.
Le soir même, mes parents m’explique qu’à quinze ans je suis trop jeune pour aller tout seul à Chicago. Je savais bien qu’ils n’avaient pas les moyens de donner suite à cette opportunité. Il fallait continuer dans la vie quand même.
Je suis reconnaissant à mon oncle d’avoir cru en moi à ce point. Il m’appelait Richard Cœur de Lion. Cela peut sembler un petit geste, mais à l’époque, les gens se moquent de moi lorsque je leur disais que je suis un artiste.
Aujourd’hui, je suis reconnaissant à ma mère pour ses encouragements inconditionnels de suivre mon bonheur. Grâce à elle je trouve le courage de poursuivre mon rêve.
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Retour à la terre – Huile et acrylique sur canvevas 24 p x ’48 p
Le fait d’avoir grandi sous un vaste ciel de prairie façonne ma vision globale. Je vis une enfance très libre. Je prends le temps de contempler les cathédrales de nuages cumulés, les panoramas où l’horizon apparaît au bout de mes doigts; de m’étirer sous les spirales de lumière filées par les aurores boréales, d’être hypnotisé par les arbres ballottés par les vents, d’admirer les dunes de neige sculptées à la Brancusi et d’esquisser des silhouettes séduisantes au crépuscule.
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Souffrant d’épuisement en 1969, j’espère améliorer ma santé en déménageant de Toronto à Vancouver où j’ai l’intention de me concentrer sur les arts visuels. C’est un défi, mais à partir de 1971, j’expose chaque année. En 1976 le Conseil des Arts du Canada m’accorde une bourse pour peindre. La publication d’un livre de mes dessins, FACES, m’encourage.
Je produis des pièces de théatre contre la prolifération nucléaire, la pollution, le racisme, l’antisémitisme et la guerre. Le thème récurrent est l’écologie : l’harmonie avec la nature, non sa domination.
La mentalité de pionnier de la Côte Ouest est rafraîchissante. Il est normal de prendre des risques esthétiques. De plus, je m’imprègne de la beauté évocatrice de l’art haïda et estampes japonaises.
À la fin des années 70, je suis de nouveau attiré par l’atmosphère cosmopolite de Montréal. J’ai besoin de récupérer mes racines canadiennes-françaises. La Côte Est devient une rampe de lancement à la Renaissance et à l’art contemporain en Europe. C’est aussi un lien convenable aux galeries et musées New Yorkais.
Au milieu des années 80, je survis une brève mais grave dépression. Comme tout le monde, il y a des naufrages occasionnels. J’apprends à me relever, à me dépoussiérer et à recommencer de nouveau.
Sans regarder en arrière, j’expérimente les techniques mixtes sur papier. Ce que j’en retire, une multiplicité d’optiques innovatrices, évoluent et fusionnent intuitivement sur canevas.
Des opportunités dans le domaine du cinéma et de la télévision se présentent. Mon art est utilisé dans le film Les Modernes. Je suis la doublure de Michael York dans le film Au nom de tous les miens. Après des années de figuration, je suis désigné comme Figurant Spécial dans des films et des séries télévisées, par exemple Burt Lancaster – PT Barnum et Geraldine Chaplin, etc.
Trois miracles dans ma vie : la rencontre avec ma merveilleuse épouse, Annie; ensuite la naissance de notre fille, Sarah. Le troisième, récupérer ma santé.
Vers la fin de 1989 on trouve enfin un remède à ma maladie génétique du sang. Grâce à des médicaments nouvellement découverts, à l’âge de 43 ans je commence à me sentir en bonne santé, pour la première fois depuis de nombreuses années. Il n’y a pas de mots pour décrire ce retour à la Vie.
Saltus Fidei – Acrylique sur canevas 52 p x 72 p
En janvier 1990, je peins une grande toile, intitulée Saltus Fidei (Leap of Faith), qui dépeint la joie de retrouver la vie après avoir été confronté à la probabilité de mourir. En 1993, cette toile est accordée le premier prix de l’Exposition du Grand-Prix International de Montréal.
En 1996, à l’invitation du Washington DC Arts Club, je réalise ma première grande exposition individuelle internationale.
Ma vision artistique mûrit avec des voyages en France, en Angleterre, en Italie, en Israël, en Hollande, en Californie, à Cuba, en Floride, à New York et à Washington.
Mon site “chardart.com” devient une ouverture de mon art et diffuse mes œuvres à une nouvelle audience globale.
Pour me détendre, de temps en temps je joue de l’harmonica. C’est un répit social par rapport à l’isolement intense de la peinture.
Chaque jour, avec amour je me concentre sur le dessin et la peinture.
Mon art s’épanouit.
L’horizon s’approche. Je suis plus libre quand je dessine et peint
L’Art est un chemin pour comprendre la vie.
Mon art apporte la joie, la sérénité et la beauté dans le cœur des gens. Savoir cela est ma tranquillité, ma paix d’esprit.
Chard
D’émerveillement en émerveillement en émerveillement, le Mystère s’ouvre au-delà des mots.
L’œuvre d’art est un état d’être, une vérité supérieure à travers la beauté . Son but est de créer un univers moral.
Hozho – Acrylique sur canevas (48 p x 48 p) Collection privée
À propos de Chard
“Il y a quelque chose qu’il a vu et que nous n’avons pas vu, que nous désirons inconsciemment, qu’il libère en nous et qu’il nous montre comment voir. Sa vision est d’une noblesse remarquable qui nourrit l’œil de notre esprit d’un désir ardent d’en savoir plus.”
Tom Harmer
Auteur de “Going Native” et “What I’ve Always Known” (Ce que j’ai toujours su)
